Déconfinement : l’appel de Kernavélo pour des aménagements cyclables temporaires
Kernavélo invite dans un courrier [lien vers le courrier adressé à M. le Maire de Quimper et lien vers l’annexe au courrier] les représentants des pouvoirs publics à s’appuyer sur le vélo comme moyen de déplacement permettant de maîtriser la sortie du confinement.
En effet, à partir du 11 mai, certaines règles visant à ne pas propager le virus devront être maintenues par nos concitoyens, et tout particulièrement le respect des distances entre les individus.
En outre, après de nombreuses semaines de sédentarité, avoir une activité physique permettant de retrouver la forme se fait sentir.
Sortie progressive de l’urgence sanitaire et post-confinement : de nouvelles pratiques de mobilité à adopter dès maintenant
Pour les déplacements, ni l’utilisation des transports en commun (TC) qui vont subir une désaffection – notamment aux heures de pointe – ni le covoiturage ne pourront répondre à ces contraintes. Covoiturage et TC rendent difficile voire impossible le respect des mesures de distanciation physique, ce qui conduirait, selon le Président du Conseil départemental du Val-de Marne, à une réduction de 80% des capacités des TC [source ActuValdeMarne] .
En outre, le recours excessif à la voiture individuelle conduirait à une augmentation de la pollution, à une explosion des embouteillages, à un fort sentiment d’insécurité aux heures de pointe en particulier aux abords des établissements scolaires, et ne permettrait pas l’activité physique. La marche et le vélo peuvent répondre à tous ces besoins à condition que les pouvoirs publics nous en donnent les moyens.
La majorité de la population dispose d’un vélo mais ne l’utilise pas du fait d’un sentiment d’insécurité dans le trafic motorisé, insécurité qui positionne Quimper au bas du tableau des villes moyennes dans le dernier Baromètre des villes cyclables 2019 (note F = climat défavorable).
Un saut qualitatif des aménagements cyclables sur le territoire Quimper et plus largement en Finistère est nécessaire pour encourager sa pratique !
Rééquilibrer l’espace public au profit des modes actifs
80% de l’espace public est actuellement dédié à la voiture alors que les besoins de se déplacer à pied et à vélo seront extrêmement forts au moment du déconfinement. Des villes, tout d’abord à l’étranger (Bogota, Oakland, Berlin…) puis en France (Angers, Paris, Montpellier, Rennes, Grenoble, Lyon, Lille…), mais aussi des Conseils départementaux (Val-de-Marne et Seine-Saint-Denis) ont décidé de mettre en œuvre un urbanisme tactique [lien vers le dossier du Cerema], c’est-à-dire un urbanisme provisoire, évolutif et réversible qui permettra aux cyclistes et piétons de se déplacer sur des axes directs plus facilement et avec plus de sécurité tout en préservant la distanciation physique suffisante pour contrer une éventuelle contagion, tant avant qu’après le 11 mai.
L’espace libéré offre des possibilités considérables d’aménagements cyclables temporaires.
Préparer la mobilité de l’après-confinement
La presse a fortement relayé ces décisions en phase avec cette nécessité inédite. Le gouvernement encourage dorénavant ces mesures et Pierre Serne, Président du Club des villes et territoires cyclables, a été nommé pour coordonner la démarche à l’échelle nationale. Le Cerema a également réalisé une étude et liste le matériel nécessaire pour matérialiser des pistes rapidement, avec par exemple des séparateurs modulaires de voie comme sur les chantiers de voirie. Des fermetures de rues aux voitures peuvent aussi être envisagées pour libérer l’espace aux piétons et aux cyclistes.
Face à l’urgence d’agir pour encourager la pratique du vélo lors du déconfinement, le Cerema a organisé un webinaire (séance de travail collective par visioconférence) le 22/04/2020, auquel ont participé de nombreux experts parmi lesquels Agnès LASZCZYK vice-présidente de la FUB (Fédération des Usagers de la Bicyclette, dont est membre Kernavélo) et un public nombreux (500 connexions, maximum techniquement possible), ce qui montre l’intérêt que suscitent ces aménagements.
Un replay de ce webinaire est disponible sur le site Internet du Cerema.
A Quimper, il faut passer aux A.C.T. : sur les axes en ville qui longent les deux rives de l’Odet, sur des portions de la rocade et le long de la liaison Quimper/ Le Rouillen
Les quelques 500 contributions quimpéroises au Baromètre des villes cyclables 2019 avaient déjà ciblé les quais de l’Odet, les Allées de Locmaria et certains tronçons de la rocade comme étant à sécuriser en priorité. La plupart de ces axes sont en 2×2 voies, ou en 2voies à sens uniques comme sur les quais, par conséquent éligibles à la mise en oeuvre d’aménagements cyclables temporaires (A.C.T.) en conformité avec les recommandations du Cerema et dans l’esprit des aménagements déjà opérationnels ailleurs en France ou en Europe.
Relancer le projet de piste cyclable entre Quimper et Ergué-Gabéric
Des expérimentations avaient eu lieu ces derniers mois à Quimper, aux abords du rond-point Kerustum (sécurisation des traversées piétonnes). Mais aussi sur le rond-point Le Bon et le long de la route de Coray.
Nous ne pouvons que regretter le retrait, à une semaine du premier tour des élections municipales, du balisage expérimental de la piste cyclable bidirectionnelle le long de la route de Coray par les services de la mairie de Quimper. Simple report de cet aménagement cyclable, nous assurent les autorités municipales de la liste sortante. Regrettable! car cet aménagement répondait aux critères des A.C.T. en période de pandémie.
Kernavélo réclame donc la remise en place d’un A.C.T. le long de la route de Coray, le trafic de navetteurs entre Ergué-Gabéric et Quimper étant un des plus forts de l’agglomération.
A vélo, rappelons que le centre-ville de Quimper est à 20 minutes de celui d’Ergué-Gabéric, sans difficulté physique particulière pour un adulte équipé d’un vélo à assistance électrique!
Alors pourquoi ne pas profiter de la baisse du trafic automobile pour relancer ce projet de piste cyclable et permettre aux cyclistes navetteurs de circuler en sécurité entre Quimper et Ergué-Gabéric?
Le pont ferré, entre les ronds-points Le Bon et Eau Blanche : stratégique
Le tronçon de rocade situé entre les ronds-points Le Bon et Eau-Blanche est hautement stratégique pour les cyclistes, permettant les liaisons inter-quartier Ergué-Armel/Kerfeunteun, Ergué-Gabéric/Quimper centre et Ergué-Armel. Les trottoirs du Pont ferré sont en temps normal inadaptés : le revêtement est en mauvais état, la largeur y est trop faible (inférieure à 2 mètres), et ils sont bordés par une glissière métallique tranchante en cas de chute.
Les aménagements réalisés, parce qu’ils réduiront la largeur de l’emprise des voies automobiles devront s’accompagner d’une réduction des vitesses maximales autorisées pour les véhicules motorisés.
Le passage aux A.C.T. ne sera possible qu’à condition que le Conseil départemental du Finistère, la Préfecture et la mairie de Quimper coopèrent ensemble avec l’objectif affiché de donner de la place aux mobilités actives. Et que l’expertise d’usage des associations cyclistes du quotidien soit prise en compte avant validation par les pouvoirs publics.
Ces aménagements nécessiteront peut-être des ajustements mais ceux-ci doivent être pensés comme la préfiguration de l’organisation de l’espace, des mobilités et des liens de solidarité de demain.
Ressources documentaires pour les aménageurs
> Le guide technique du Cerema, publié le 5 mai 2020
Le Cerema a réalisé dans l’urgence un document de recommandations techniques pour les collectivités qui souhaitent tester des solutions d’aménagements permettant de se déplacer à vélo de manière efficace et en sécurité. Le guide est à télécharger ici :
> Le replay du webinaire Cerema du 22 avril 2020, en lien ici.
> Un guide allemand de recommandations,voir ici la version traduite en français du guide « Berlin Regelplaene Radverkehrsanlangen » (Recommandations pour la création et l’extension temporaires des infrastructures cyclables à Berlin)
Seuls certains panneaux de signalisation sont un peu différents en France…